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Temps de lecture : 5 minutes

Je m’appelle Louise et je viens d’intégrer l’équipe Sun Chasers. Ici nous donnons la parole à des parcours inspirants dans le but de vous donner l’envie de vous surpasser et de poursuivre vos rêves.

Je vais vous parler aujourd’hui de l’entraînement en hypoxie avant de gravir un sommet. Pour cela, j’ai eu le grand plaisir de pouvoir échanger avec Erwann qui est kinésithérapeute du sport et préparateur physique.

Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse vous plonger dans l’interview passionnante d’Erwann Le Corre.

Bonjour Erwann, peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Je suis un ancien escrimeur et passionné de sport, je me suis naturellement tourné vers la kinésithérapie. Après mon diplôme obtenu en 2008, j’ai complété ma formation par un Master en Préparation physique, mental et réathlétisation ainsi que des formations complémentaires (kinésithérapie du sport, thérapie manuelle…).

Ces 10 dernières années j’ai eu l’opportunité de pouvoir exercer dans le milieu sportif professionnel en m’occupant de clubs (football et rugby principalement) ou en réalisant du suivi individuel de sportifs professionnels en France ou à l’étranger.

Après 6 années au Stade Français Paris (club de rugby professionnel), j’ai repris une activité d’accompagnement personnel de sportifs dans la réalisation de leurs objectifs au sein de la structure Olympe Santé située à Antony (escrime, football, rugby principalement). Parallèlement je poursuis une activité d’enseignement, de suivi au sein d’un club de football féminin et de soins de récupération à l’INSEP pour les athlètes de la fédération française d’athlétisme. »

Tu travailles dans le centre Olympe santé : Est-il possible de nous en dire plus sur ce que vous proposez comme services ?

Le centre Olympe santé a été créé en Octobre 2018, Olympe Santé est un centre ouvert à toutes et à tous, dédié au sport, à la santé et à la performance. Ce centre est issu d’une réflexion de plusieurs années menée par des professionnels de la santé et/ou du sport.

Il existe peu de structures en France regroupant autant de services et de compétences en un même lieu. Ainsi vous trouverez dans nos locaux un service d’imagerie médicale, un espace dédié aux consultations médicales et paramédicales (médecine du sport, chirurgie orthopédique, kinésithérapie du sport…) et enfin un étage dédié à la performance, la réathlétisation et à la récupération où exercent les préparateurs physiques.

Au-delà des compétences humaines qui sont au cœur du projet, nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur des outils performants et innovants tels qu’une chambre hypoxique (entraînement et test en altitude simulée), une cryothérapie corps entier, une thermo training room (entraînement et test sous chaleur), des outils de mesure des performances physiques (VO2max, FCmax posture, course…) ou encore une machine isocinétique (évaluation de la force musculaire).

Ainsi, nous sommes en mesure de répondre à une grande majorité des besoins d’une personne blessée (diagnostic et/ou soins) ou d’une personne avec un objectif sportif.

Tu as aidé l’équipe Sun Chasers (6 femmes) pendant la préparation du Kilimandjaro. Peux-tu nous expliquer comment tu as pu les aider dans cette préparation ?

Nous avons été sollicités par Charly quelques semaines avant le départ de l’équipe afin de les aider à appréhender l’altitude sur le plan médical et sportif.

Le point de départ a donc été de réaliser un bilan de santé avec nos médecins du sport. L’objectif de cette consultation est indispensable avant tout projet d’ascension permettant d’appréhender les capacités d’adaptations, les contre-indications éventuelles et de donner des conseils afin de réduire les risques d’incidents. Si nécessaire un bilan sanguin peut être réalisé.

Après cette consultation, nous avons organisé un test de tolérance à l’altitude dans notre chambre hypoxique. Durant cette épreuve, nous enregistrons certains paramètres physiologiques (fréquence cardiaque, variabilité de la fréquence cardiaque et saturation en oxygène) au repos et à l’effort, en normoxie et en hypoxie (4800m). Ce test essentiel, permet de mieux connaître la capacité physiologique de la personne à s’adapter à l’altitude.

Enfin, selon les résultats du test de tolérance, nous avons organisé des séances d’acclimatation à l’altitude au sein de notre chambre hypoxique. Nous avons progressivement augmenté l’altitude pour nous approcher de l’altitude du Kilimandjaro tout en surveillant les différents paramètres physiologiques et le ressenti des participantes.

Peux-tu nous expliquer le terme « hypoxie » et ce que l’on entend par « entraînement en hypoxie »

Le terme « hypoxie » désigne une diminution de la quantité d’oxygène apportée aux organes et aux tissus par le sang.

En altitude, la diminution de la pression atmosphérique s’accompagnera d’une baisse de pression en oxygène dans l’air ambiant. L’organisme aura donc plus de mal à capter l’oxygène.

Lorsque vous êtes dans une chambre hypoxique comme celle d’Olympe, nous n’intervenons pas sur la pression atmosphérique qui reste constante, mais nous appauvrissons la chambre en oxygène. Cette méthode permet ainsi de récréer des conditions proches de celles de l’altitude. Nous pouvons ainsi définir précisément l’altitude souhaitée et la faire varier (sans aller à la montagne).

L’entraînement en hypoxie répond à plusieurs objectifs :

  • Performance : Depuis les JO de Mexico pendant lesquels les performances ont été influencées par l’altitude, les sportifs utilisent très régulièrement l’altitude comme méthode pour développer certaines qualités physiques en raison des réactions et des adaptations physiologiques possibles.
  • Acclimatation : Un des risques majeurs de l’altitude est l’apparition d’un syndrome fréquent, le Mal Aigu des Montagnes (MAM). Ce syndrome est, entre autre, lié à une montée trop rapide en haute altitude, une absence d’acclimatation et des facteurs génétiques individuels. S’acclimater est donc un moyen efficace pour protéger sa santé et préparer son ascension.
  • Santé : Les effets de l’hypoxie sur le système respiratoire, cardiovasculaire, métabolique, musculaire et cérébral permettent d’envisager l’utilisation de cette méthode comme traitement potentiel de certaines pathologies.

Tu as abordé le risque de Mal Aigu des Montagnes, peux-tu nous expliquer concrètement ce que ce syndrome implique ?

Le MAM est un syndrome qui peut toucher à tout âge, pouvant arriver à partir de 2000m d’altitude et qui est lié à 3 facteurs principaux (montée trop rapide, absence d’acclimatation et la sensibilité individuelle).  Ce  syndrome ne doit pas être pris à la légère car les conséquences peuvent être graves.

Le MAM peut se manifester rapidement après l’arrivée en altitude (quelques heures après l’arrivée). Son diagnostic se fait selon le contexte de l’altitude, le ou les signes rencontrés  comme des maux de tête (légers ou intenses),  nausées, vomissements, fatigue anormale, épuisement majeur, saignement de nez, malaise, bourdonnements, vertiges ou encore des palpitations.

Dans les cas les plus graves, un œdème pulmonaire peut survenir ou encore un œdème cérébral, ce qui peut entraîner la mort.

Il est donc indispensable de connaître cette maladie, les signes et de les écouter. Lorsque des signes apparaissent, il ne faut pas les négliger, en discuter avec les accompagnateurs et prendre les bonnes décisions (médicamentation, respect des paliers, repos ou encore redescente). Vivre un échec en haute montagne lorsque l’on est en groupe n’est pas forcément aisé à gérer. Néanmoins l’enjeu sur la santé est tellement grand qu’il faut être raisonnable et ne pas chercher à cacher les signes. »

Les recommandations pour gravir un sommet de pratiquement 6000m :

1 – Consultation avec un médecin spécialiste qui décidera d’un besoin ou non d’examens complémentaires.

2 –  Test de tolérance à l’altitude avec surveillance des paramètres physiologiques dans un centre spécialisé.

3 – Acclimatation à l’altitude par un ou des séjours en altitude et/ou par des séances en chambre hypoxique (habituellement 8 à 12 séances dans le mois précédant le départ avec une augmentation progressive de l’altitude).

4 – Bien s’informer sur le matériel à emporter et sur les risques du MAM. Essayez de participer à des réunions d’informations quand cela est possible. Cela permet d’échanger et de poser librement des questions.

5 – Lors de votre séjour, ne pas oublier de bien s’alimenter et de s’hydrater suffisamment (le risque de déshydratation est fréquent en haute altitude).

6 – Savoir s’écouter, reconnaître les signes et en cas de doute en parler aux guides et accompagnateurs.

SANTE – ACCLIMATATION – PREPARATION – PROGRESSIVITE – COMMUNICATION

Y-a-t-il des effets négatifs de la montagne ?

En plus des signes précédemment décrits, nous pouvons ajouter la perte d’appétit, la perte de sommeil, une augmentation de la fréquence respiratoire et de la fréquence cardiaque

L’évaluation avant le départ ainsi qu’une pré-acclimatation sont encore une fois nécessaires pour se préparer au mieux.

Faut-il être très sportif pour pouvoir faire le Kilimandjaro ?

Il est certain qu’il est toujours préférable d’avoir une bonne condition physique. Néanmoins, l’enjeu d’une telle ascension ne sera pas nécessairement physique mais sera surtout lié à la gestion de l’altitude.

Par ailleurs, on constate également que les personnes extrêmement sportives, ayant des besoins en oxygène supérieurs, ne sont pas nécessairement avantagées.

L’activité physique reste une celle d’une randonnée, donc un effort que l’on pourrait qualifier de faible intensité mais les conditions environnementales extrêmes rendent l’effort difficile et parfois dangereux.

Louise

Étudiante en école de commerce. Louise est pétillante, à toujours le sourire et est passionnée par les voyages et le sport. Sa devise : "Faire de sa vie un rêve, et un rêve une réalité"